Selon Bruxelles, les aides ponctuelles mises en œuvre par les gouvernements portugais successifs n’ont pas résolu la crise structurelle du marché du logement. Bien que des subventions et des incitations fiscales aient été adoptées, l’offre de logements publics demeure inférieure à 2 % du parc immobilier total. Parallèlement, environ 12 % des logements restent inoccupés, ce qui aggrave les déséquilibres entre l’offre et la demande.

La Commission préconise la mise en place de plafonds sur les loyers et sur les locations touristiques de manière structurée, s’appuyant sur une nouvelle stratégie nationale. Celle-ci devrait inclure des calendriers clairs et une évaluation rigoureuse des besoins d’investissement public. Si le Portugal souhaite atteindre les 5 % de logements publics d’ici 2026, il devra aller au-delà des simples intentions politiques et accélérer la construction des 26 000 logements prévus dans le cadre du Plan de Relance et de Résilience (PRR). Cependant, la Commission exprime des doutes quant au respect de ces objectifs, compte tenu de l’état actuel d’avancement du programme.

Les plafonds sur les loyers et sur les locations touristiques apparaissent comme des mesures centrales de cette stratégie. L’objectif est d’exercer un contrôle renforcé dans les zones urbaines soumises à une pression intense, en particulier celles touchées par le tourisme de masse. Ces restrictions visent à protéger les groupes les plus vulnérables, comme les jeunes, les ménages à faibles revenus et la classe moyenne, dont l’accès au logement reste particulièrement difficile.

Bruxelles appelle aussi à la réhabilitation active des logements vacants ainsi qu’au renforcement de la politique dite du « Housing First ». Cette dernière propose un logement immédiat et stable aux personnes sans domicile, avec un accompagnement social, en vue d’une réinsertion durable. La Commission met en garde contre une dépendance excessive aux subventions — comme le programme Porta 65+ — ou aux avantages fiscaux, lorsqu’ils ne sont pas accompagnés d’une augmentation concrète de l’offre de logements abordables.

En ce qui concerne spécifiquement le logement touristique (AL), la Commission européenne estime qu’il est impératif de fixer des limites, notamment dans les villes où la pression touristique compromet l’offre résidentielle. Ces restrictions peuvent aider à rediriger une partie des logements destinés à la location temporaire vers des baux de longue durée, contribuant ainsi à stabiliser le marché et à accroître le nombre de logements accessibles.

L’UE insiste également sur la nécessité pour le Portugal d’élaborer une stratégie nationale fondée sur des données statistiques solides. Cela inclut l’évaluation précise des besoins en logement, la planification fiable des autorisations de construire, ainsi qu’un calendrier clair de mise en œuvre, apte à répondre à l’aggravation de la pénurie actuelle.

Dans ce contexte, le rapport de Bruxelles considère que « les mesures actuellement en vigueur sont uniquement palliatives » et risquent de ne pas produire de changement durable. La Commission rappelle que les engagements politiques passés, y compris ceux des gouvernements d’António Costa et de l’exécutif actuel, sont loin d’être concrétisés. À ce jour, seules 2 000 habitations ont été effectivement livrées, mettant en péril l’objectif annoncé de 26 000 logements d’ici à 2026.

La mise en œuvre de plafonds sur les loyers et les locations touristiques pourrait représenter un tournant majeur dans la politique du logement au Portugal. Mais cette transformation dépendra largement de la capacité du nouveau gouvernement à transposer les recommandations européennes en législation concrète, coordonnée entre les niveaux central et local, avec des mécanismes d’évaluation continue. En définitive, ces mesures pourraient être déterminantes pour rendre le logement vraiment accessible au plus grand nombre, notamment aux personnes et familles en situation de précarité.

Source: SUPERCASA
Général, Marché de l´immobilier, Portugal